Douze ans après le troisième épisode, Die Hard 4 : Retour En Enfer avait plutôt honorablement relancé la franchise, avec un Len Wiseman tout à fait capable en tant que réalisateur à l'époque. Pourtant, il a fallu encore six années pour voir arriver cette suite. Au moins, Bruce Willis est toujours de la partie, et que serait un Die Hard sans cet acteur aussi charismatique ? Par contre, derrière la caméra, c'est John Moore. Peu connu, et à raison puisque ses derniers longs-métrages ne sont autres que Max Payne et 666 La Malédiction. À croire que certains studios (et Fox sont des champions dans le domaine) font tout pour ne mettre aucune chance de leur côté.

Même en ayant lu les avis globalement très négatifs, je ne pensais pas être contraint de les confirmer dès les premières minutes du film. En gros, ce cinquième épisode peut se décomposer comme suit : 30 minutes d'une poursuite en voiture chiante + 30 minutes d'une once de développement d'un scénario creux + 30 minutes d’exubérances consternantes. Oui, parce que ce film ne dure que 1h30 ; ça faisait longtemps que je n'étais pas resté aussi peu de temps dans une salle. Un format téléfilm en fait, qui correspond tout à fait la qualité proposée, et dont chaque partie exacerbe les défauts du film.

Allons-y dans l'ordre. Cette course poursuite dans les rues de Moscou. Il ne suffit pas d'avoir une image froide genre Inception et des véhicules blindés un peu industriels, type Death Race, pour se targuer d'avoir des séquences d'action nerveuses. Beaucoup se plaignent de Michael Bay, mais franchement, ses blockbusters il a le mérite de les faire bien, et même dans les séquences les plus dynamique, c'est propre et compréhensible. Dans ce Die Hard, c'est tout l'inverse. Déjà, l'image est moche. C'est filmé sur pellicule, mais tellement aseptisé "grosse production" que le grain est désagréable et n'apporte rien. Et le réalisateur a pris l'option de tourner à la main pour, je cite, "imiter la surprise et la confusion du personnage". Il faut juste arrêter d'avoir des idées comme ça. Surtout quand on est bon à rien. La caméra est donc ballotée n'importe comment, il n'y a aucun sens de l'espace lors de la poursuite, et c'est parfois à se demander si tout est dans la même continuité tant on a du mal à se représenter l'action. Même les plans fixes ont Parkinson, sans parler des travellings amorphes, des zooms/dézooms de compétition, et des plans aériens sans saveur qui renvoient cet aspect de téléfilm.

Après tant d'effort, vient enfin le temps d'essayer de construire une intrigue, un faire-valoir au film. Mais, il fallait s'en douter, comme la plupart des productions d'1h30 qui se passent en Russie (ou alentours), ça sent le navet. Histoire d'un politicien véreux et d'un criminel qui ne s'entendent plus, l'un veut tuer l'autre, ça divague jusqu'à Tchernobyl avec des ressources gigantesques d'uranium, des hommes de mains qui s'occupent de faire le sal boulot, et des affaires familiales inintéressantes. Quelle histoire passionnante. À l'image de son casting. Sebastian Koch en tant que criminel russe sans substance, Yuliya Snigir interprète sa fille et ne joue pas beaucoup mieux... c'est de famille dira-t-on. Il y a même Bugs Bunny qui fait le bras droit. En parlant de filiation, le grand point de ce Die Hard 5, c'est le fils McClane, Jack, joué par Varo... pardon, Jai Courtney, et sa prestation est discutable. Il avait la carrure pour le rôle, mais pour ce qui est d'y donner vie, c'est autre chose. Et enfin, Bruce Willis, et son fidèle John McClane. D'ailleurs, le film est davantage un "Bruce Willis Show" tant le personnage débite de répliques "cools". Elles ont toutes été étudiées exprès parce que c'est McClane et qu'il est badass alors il lui faut une grande bouche pour dire conneries, sauf qu'au final c'est tellement forcé qu'on dirait un sketch et que Willis semble s'emmerder quand il récite quelques dialogues normaux. Néanmoins, c'est un des points les plus amusants du film, même si c'est viser la facilité.

Enfin, tout bon gros film d'action doit se terminer en beauté. Et Moore a eu envie de titiller Bay sur son terrain, ça explose dans tous les sens, avec des séquences d'actions abracadabrantes dignes de L'Agence Tout Risque (le coup de l'hélico) ou même de Mission Impossible: Protocole Fantôme (McClane qui passe par la fenêtre, culte !). Dans l'ensemble de la pellicule, les effets ne sont pas mauvais du tout. Mais déjà avec la poursuite du début et les cabrioles de certaines voitures, ça sentait le poussif, que dire de ce finale qui repousse un peu les limites de l'acceptable. On appréciera le geste de Willis sur un des derniers ralentis, qui donnent lieu à de jolis effets, mais sans âme. On sait au moins où le budget a filé. Il suffit d'accompagner le tout d'une musique bien tonitruante, voire trompettante façon James Bond (le thème lui est limite piqué), et d'une musique qui en fait toujours des caisses pour finir de garnir le tableau des éléments participant à la pauvreté du film.

En somme, Die Hard 5 est un mauvais film d'action, complètement pommé dans la franchise, et qui ne cherche à se maintenir que de par la présence de Bruce Willis et le caractère de son personnage. Sauf que la recette ne fonctionne pas et que l'ensemble très cheap du long-métrage (budget de 92 millions quand même) laisse présager une poursuite des épisodes dignes de direct-to-dvd ; et encore, certains de ce genre sont même bien meilleurs que ce film.

J'ai découvert le cinéma de Monsieur Terrence Malick avec son The Tree Of Life que j'avais fortement apprécié. Ce qui m'avait plus, c'était avant tout cette symbolique, ce parallèle presque mystique avec les scènes de contemplation d'une Nature grande, ainsi que la réussite dans le rendu de cette famille des années 50. Ce À La Merveille, j'y allais à reculons, parce qu'il semblait bien plus épuré que son prédécesseur, plus axé romance, ce qui ne me touche pas forcément dans les films.

Dans À La Merveille, la "merveille", ce n'est pas cette œuvre, non, c'est le Mont Saint-Michel, qui n'apparaît pourtant que quelques secondes. Comment dire... cette nouvelle œuvre, très particulière comme toujours, c'est comme si le réalisateur avait tourné l'histoire qu'il voulait raconter entièrement, soit la romance entre le personnage d'Olga Kuryenko et de Ben Affleck, et qu'il s'était retrouvé avec dix heures de film sur les bras. Du coup, il a joué au boucher. Et ce n'est pas totalement faux puisque de nombreux acteurs (Michael Sheen, Jessica Chastain, Rachel Weisz,...) ont été évincé du film après le tournage. Ainsi, le long-métrage est décousu, patchwork de scènes de quelques secondes à quelques minutes, enchaînées sans s'inquiéter de la chronologie, et entrecoupées de plans de cartes postales. Si le film, bien moins mystique, est effectivement plus lisible que son The Tree Of Life - le scénario est extrêmement simple - il est aussi extrêmement mal mis en scène.

En regardant À La Merveille, on a vraiment l'impression que les évènements phares, les actions, ont été amputées, et qu'il nous reste que les conclusions, les conséquences. On sait ce qu'il s'est passé, mais on ne l'a pas vu. Qui plus est, couplé à cette romance, Malick insère l'histoire d'un prêtre qui n'a guère d'influence sur le récit et surtout apparaît très peu, et avec son propre cheminement - deux histoires en un film. L'édition pratiquée est vraiment laborieuse à suivre, et pour les quelques fois qu'on arrive à être pris dans le déroulement, elle nous en sort assez vite en passant du coq à l'âne. Le film est vraiment dans la veine de The Tree Of Life, visuellement surtout, et prend ici davantage l'allure d'une bande-annonce ou d'un spot publicitaire que d'un long-métrage qui a quelque chose à raconter. Pour cause, on retrouve cette tendance de Malick a musicaliser ses œuvres avec de morceaux de musique classiques assez grandioses, mais usés constamment sur des scènes plus qu'ordinaires. Jamais ils ne soulignent de climax (il n'y en a aucun d'ailleurs), et participent plutôt à instaurer un anticlimax stagnant.

Il faut également préciser que Terrence a été avare en dialogues pour le coup, puisqu'il n'y en a quasiment pas. En effet, les principales voix entendues sont des voix off, très douces, calmes, des trois acteurs et sont employées pour faire la narration, pas vraiment des évènements, mais plutôt des pensées et désirs de leurs personnages (Neil, Marina, le Père Quintana). Les intéractions entre les acteurs sont donc pratiquement toutes muettes, et faites au ressenti. Tout est donc assez lent, et vite redondant, fait de regards, de gestes sensuels, de contemplation, de poses dans le paysage... et accroît cette impression d'assister à un clip artistique. Car même si la relation est justement interprétée par les acteurs, elle est tout à fait banale avec ses "je t'aime", "je te hais", "je te pardonne", et n'est rendu singulière que parce qu'elle est passée par les mains de Malick. Parmi les acteurs, celle qui monopolise l'écran est donc Olga Kuryenko, très élégante, jolie et naturelle. Son jeu s'avère juste ; cette femme qui doute de son amant, puis de ses sentiments. Ensuite, il y a Ben Affleck, en homme aimant, cependant il semble constamment dans son monde, et n'es au final pas si présent que ça. À l'instar de Javier Bardem, en prêtre, qui a son histoire à part. Néanmoins, elle n'est pas développée et se contente d'être un surplus qui aurait mérité un film à part entière, qui aurait sans doute été bien plus intéressant avec les questionnements sur la foi.

Par contre, la mise en forme est pratiquement irréprochable. Terrence Malick est un grand réalisateur, et même si certaines de ses œuvres sont ennuyeuses, il a un talent certain pour les visualiser. De l'acabit de ce que nous avait déjà offert The Tree Of Life, le film est beau, poétique par moments, et en serait presque enivrant si son histoire était passionnante. On retrouve cette caméra libertine du réalisateur, qui se balance autour de ses acteurs et s'adapte à leurs mouvements avec une certaine grâce. Il faut dire que Malick donne vie comme personne aux personnages de son film ; il leur insuffle une authenticité. Avec ses gros plans et ses prises de vue légères, il parvient à créer une proximité rarement atteinte dans les films. Même si parfois il se laisse trop de liberté et dérive un peu trop de son sujet (à l'aéroport quand la caméra suit un passager lambda avant de revenir sur le couple). Comme dit plus haut, les scènes des protagonistes son alternées avec des plans fixes sur des paysages, des monuments, des environnements, toujours magnifiques grâce à la photographie parfaite et naturelle de Emmanuel Lubezki. Un vrai travail d'artiste, vraiment, qui fait ressortir toute la subtilité et la pureté du thème qui est l'amour.

Au final, devant ce film, on s’ennuie beaucoup, on baille souvent, et on pique du nez facilement. Terrence Malick s'enferme dans un carcan qui en deviendrait presqu'un genre à part entière comme l'est le cinéma de Michael Bay. À La Merveille est un long-métrage laborieux qui ne va jamais au bout de ses questionnements, et pèche sur le partage de ses émotions, tout en tentant d'élever le tout de façon intellectuelle mais sans jamais parvenir à accrocher le spectateur. Il même par rendre ses personnages insupportables tant on aimerait qu'ils ouvrent la bouche et agissent au lieu de se traîner. Malick se perd dans son art et, surtout, tente de nous raconter une histoire banale qui ne s'y prête pas.