Le coup de Brad qui ouvre une déferlante de zombie en deux après bu sur un gros plan sa canette de PEPSI. Surdose d'humour par moment (la mort du savant, y'a eu un fou rire dans la salle) vive la réplique "alors ? -Il a glissé, il est mort. -Ah."
Les gros plans pour faire rire sur certains zombies (celui qui claque des dents et le black avec sa tête de taré) et j'en passe...

Oui mais ce sont des plans nécessaires non ? On voit qu'ils amènent la vie sur terre dès le début. D'ailleurs on le comprend qu'après, ça. Au début on ne sait pas vraiment si c'est sur terre. Et puis on ne peut pas en être sûr, mais vu qu'ils avaient par la suite pour but de retourner sur terre, on en conclut que c'était dans le but d'utiliser leur arme sur les humains. Détruire pour mieux créer. Et je pense que du coup sans la scène du début on serait tellement dans le flou que ça en deviendrait pénible.

Et puis c'est devenu bien. Ellipse temporelle, les situations des persos ont changé, on en découvre d'autres, c'est intéressant. Les combats qui suivent sont bien plus clairs et parfois même carrément épiques (l'attaque 2 monstres vs. 4 robots). La réalisation est nettement plus soignée, il y a même des plans assez bluffants et quelques ralentis qui ont de la sacré gueule. Il reste tout de même parfois cet aspect jeu vidéo, notamment via la photographie très stylisée et colorée avec les nuances orangées et bleutées, et le design des monstres parfois fluorescent. Mais ça s'intègre très bien en fait, et ça passe même mieux qu'un Man Of Steel j'ai trouvé. Très gros travail donc sur les FX, que ce soit la conception des robots et les prises de vue réelle du cockpit (construit sur pistons pour retransmettre les mouvements), ou bien des monstres où on reconnaît assez vite la patte de Del Toro (Hellboy 2 particulièrement). L'échelle est assez impressionnante, déjà parce qu'on ne reste pas que dans la ville, mais aussi parce que ces robots/monstres sont vraiment énormes, plus que tout ceux que j'ai pu voir au ciné à présent. Et c'est pas mal rendu. J'ai pas mal aimé le côté "lois de la physique" où on n'a pas à faire à des robots à la Transformers super agiles comme des anguilles, mais leurs mouvements sont lents et lourds (idem pour les monstres) tant il y a de masse à gérer. Niveau destruction ça y va pas mal également, moins que dans Man Of Steel j'ai l'impression (ou ça ne nous est pas montré exagérément). Par contre tous les FX concernant la faille que traversent les monstres sont plus discutables car pour le coup ils oscillent entre cheap et trop numérique pour être crédible.

Un excellent point, surtout, c'est le fait de réussir à installer toute cette mythologie dans notre monde et la rendre vraie. Qu'on soit directement projeté après l'invasion et les attaques aide sûrement car on assiste à des villes en ruines, des carcasses apparentes, des charognards qui vende des organes, de la peau, des os de monstres, etc... On assiste donc à l'impact de ces monstres sur le monde et Guillermo Del Toro n'en fait pas trop en s'attardant abusivement sur des détails pour nous les imposer. Tout cela fait partie du background et on l'assimile parfaitement. Il faut dire que, comme d'habitude dans les films du Mexicain, il y a des personnages hauts en couleurs et un esprit sombre et décalé bien particulier qui aide clairement à asseoir l'univers du long-métrage. C'est le personnage de Ron Perlman particulièrement qui rend l'ensemble délicieux en tant que receleur professionnel d'organes de monstres. Les deux scientifiques exubérants et farfelues amènent également le ton comique. Côté protagonistes principaux, Idris Elba envoie du bois, Charlie Hunnam est lé héros un peu BG mais sans trop en faire non plus (ni accaparer l'écran) et Rinko Kikuchi joue sa copilote toute mimi.

Ce ton décalé et pas trop sérieux (contrairement à ce que j'ai pu lire sur certaines critiques) rappelle par moments Battleship qui usait un peu du même motif. Dans la même veine on trouve aussi la bande-son qui a des thèmes très funs et plutôt badass. D'ailleurs, Tom Morello qui avait collaboré sur deux morceaux de Battleship (avec Steve Jablonsky) est de nouveau ici sur 5 ou 6 titres (avec Ramin Djawadi en compositeur principal), et ses riffs de guitares insufflés dans la bande-son sont clairement un atout, et en plus ça reste en tête facilement. Du tout bon côté BO vis-à-vis des thèmes donc, car, comme à l'accoutumée, quand on part un peu plus dans l'accompagnement d'ambiance elle se fait assez vite oubliée. Mais tant qu'elle accompagne les scènes importantes joliment....

Ce qui plaît également, et permet d'apprécier le film sans jamais s'ennuyer (si on enlève la scène du départ), c'est le rythme. Sincèrement, j'ai été captivé tout le long, en ayant l'impression d'être resté bien plus que 2h devant le film tant l'univers a été parfaitement présenté, étayé, et que le long-métrage ne souffre d'aucune longueurs de découpage en trois actes classique où on aurait eu le combat du début, du blablabla pendant 1h30 et un combat plus gros à la fin. Ici les grosses scènes d'action sont au nombre de quatre (et diversifiées même si elles prennent majoritairement place dans l'obscurité), judicieusement disséminés à travers le film et entourées d'autres scènes dynamiques moins importante mais toutes aussi divertissantes. Et question larmoiement et blabla, Del Toro ne s'y attarde et tant mieux. Les discours entre les persos sont courts, efficaces, et on va droit au but, car le scénario est relativement simple, mais pas dénués de quelques rebonds sympas. Pour autant on s'attarde suffisamment sur chaque perso pour avoir l'impression de la connaître et passer du bon temps en leur compagnie. Notons tout de même quelques one-liners et dialogues kitsch voire bidon quand tournés vers l'humour.

Si on pensait assister à un mix d'Evangelion , Gundam, Godzilla, voire Power-Rangers à l'annonce du film, Pacific Rim est clairement un hommage à toute cette culture japonaise et ces animes mettant en scènes des méchas et des monstres. Pour autant, il s'en inspire sans non plus pomper (même si on a parfois l’impression de voir Rei Ayanami) et présente sa propre vision du phénomène avec une touche artistique bien ficelée. Dire que le film n'est pas très profond serait enfoncé des portes ouvertes tant il ne s'est rarement présenté comme plus que les deux entités s'affrontant à l'affiche. Et encore, l'histoire se tient, est nuancée, et développe plusieurs possibilités de continuation tout en faisant déjà l'effort de nous montrer tout ce qu'on aimerait voir en prenant place dans la salle. Mais quand bien même le film peut se rapprocher des blockbusters Transformers, le Pacific Rim de Del Toro s'adresse tout de même à un public plus ciblé, notamment par l'incorporation de monstres géants qui renvoie facilement au séries pour jeunes et apparaissent vite kitsch pour certains. Heureusement, le prochain Godzilla , qui s'annonce titanesque, aidera sûrement à renverser la balance et prouver qu'il est possible d'en tirer des films live de qualité et tout aussi jouissifs.