Aller, un petit récap des derniers visionnages, avec du lourd tout en bas
Ex Machina : Avec cette première réalisation bluffante, Alex Garland conçoit un film sur l'intelligence artificielle amené à devenir culte. Habituellement brillant scénariste, il passe ici derrière la caméra tout en s'inspirant des personnes avec lesquelles il a déjà travaillé, notamment Boyle sur Sunshine, ou encore Dod Mantle dont on trouve des échos de sa photo aux couleurs riches à travers ces superbes plans extérieurs, ou bien les cadrages minutieux des intérieurs d'une architecture post-moderne sobre, élégante et classieuse. Tirant plus vers un Her, ou un Eva, avec des connotations du fameux HAL 9000, Ex Machina est porté par des personnages forts, parcourus d'émotions. Oscar Isaac y est monstrueux en génie bon copain, volant quelque peu la vedette à Domhnall Gleeson, et Alica Vikander excelle dans l'interprétation de cette androïde consciente. Les FX sont sublimes, l'image est peaufinée à l'extrême ; le tout porté par une bande-son minimaliste et bourdonnante qui sied parfaitement à l'ambiance troublante, fascinante et mystérieuse du long-métrage.
Apollo 13 : Dans un sens, Marooned était un roman/film visionnaire puisque les incidents qui ont rendu un équipage fictif d'Apollo naufragé dans l'espace sont en quelques sortes survenus l'année suivante (1970) aux astronautes de la mission Apollo 13. Laquelle, 25 ans après, est remise en image par Ron Howard. Et le réalisateur est un merveilleux conteur d'histoire, optant pour des choix de mise en scène reflétant intensément l'état d'esprit des personnages. On y trouve Tom Hanks, Kevin Bacon, Ed Harris, Bill Paxton ou encore Gary Sinise, tous très bien dirigés dans cette épopée sensée symboliser le rêve de ces hommes, et qui a finalement viré à la catastrophe. Les séquences spatiales sont saisissantes, portées par d'excellents FX et un sens certain du spectacle, qui sait également laisser place à l'émotion avec une bande-son juste et discrète. Par ailleurs, cette aventure spatiale inouïe se montre relativement fidèle à l'odyssée d'origine, sans péripéties ajoutées. Comme quoi, la réalité peut-être pourvoyeuse de récits bien plus incroyables et palpitants que la fiction.
Replicas : Replicas, ou In Their Skin selon les pays, est un thriller plutôt classique dans le genre du home invasion. Une famille avec un passé lourd, et trouble au démarrage, qui va s'installer dans une maison isolée, et se retrouve confrontée à des observateurs assez envahissants. Pourtant, à l'image de ses titres, de son pitch et de sa bande-annonce, le film promettait une approche originale qui, malheureusement, n'est pas pleinement exploitée. Si la construction s'avérait plutôt bonne, surtout grâce à la présence de James D'Arcy assez flippant en voisin trop gentil et trop curieux, le long-métrage retombe ensuite dans les travers communs du genre, avec des péripéties prévisibles, voire caricaturales, malgré une ou deux scènes qui se tirent du lot. À noter, également, cet horrible gimmick de photographie grisâtre qui désature toutes les couleurs sous couvert de deuil dans le scénario. Ce n'est pas très joli, et la mise en scène est d'ailleurs assez fade, avec des plans machinaux, juste de quoi faire de Replicas un petit thriller pas trop mal.
True Story : Film basé sur l'histoire vraie de Christian Longo, accusé d’avoir tué sa femme et ses trois enfants, puis de s'être fait passer pour Michael Finkel, rédacteur au New York Times, lors de sa cavale. Une fois incarcéré, les deux hommes entrent en contact, et une relation grandissante et amicale se créée entre eux. D'un côté, Jonah Hill, tout sérieux et prêt à tout pour avoir une histoire spectaculaire et exclusive. De l'autre, James Franco et ses mimiques les plus malicieuses qui, dans sa sincérité, met tout de même mal à l'aise et se joue de son public. Dans l'ensemble, le long-métrage intéresse, notamment parce que le mensonge sert de thème principal et est donc utilisé pour l'avancé du scénario. Néanmoins, la relation manipulatrice entre les deux hommes n'est qu'effleurée, tandis que d'autres fausses pistes ont été rajoutées pour le film. Qui plus est, c'est le genre de production assez frustrante car réalisée sans avoir tous les éléments de l'histoire, et donc prenant des libertés d'interprétation et ne récompensant finalement pas le spectateur après une heure trente de mystère.
Ted : Ted a violé le respect à la fin de ce film signé Seth MacFarlane. Il aurait tout d'une comédie américaine classique, s'il n'avait pas été centré sur un personnage atypique, qui en fait tout son charme : un ours en peluche nommé Ted. Comble du comique, cet ourson tout doux et attachant, symbole d'enfance et naïveté, jure finalement comme un charretier et chaque phrase qui sort de sa bouche duveteuse est une punchline assassine et collector. Avec son pote John Bennet - soit un Marky Mark tout en biscottos et un peu benêt - Ted nous entraîne alors dans une aventure d'amitié et d'amour, mais bien décidé à choquer les mœurs. Derrière l'allégorie du passage de l'enfance à l'âge adulte, l'histoire est finalement dans la veine d'un bon vieux Beethoven, la boule de poils aux quatre cents coups remplacée par une peluche qui aime se la coller, façon Tyrion Lannister nounoursifié. Parfois trop confiant, le long-métrage n'évite pas l'humour un peu trop beauf à la Rogen & Co, mais reste globalement drôle, égrainant quelques jolies références à la culture des années 80.
21 Jump Street : Difficile de ne pas avoir sont lot d'aprioris face à cette adaptation d'une série des années 80. Et pourtant, ces aprioris sont les armes de l'humour des scénaristes qui les connaissent et les ré-exploitent de façon surprenante, tournant à la dérision les clichés du genre et taclant le système hollywoodien ainsi que les stéréotypes sociétaux. Le cadre du lycée aide à apporter une bonne humeur, quand bien même tous les poncifs du teen movie y sont détournés, allant jusqu'à une mise en abyme de leur propre humour. Décomplexé et bien rythmé, le long-métrage de Lord et Miller pousse le vice jusqu'au bout, rendant aussi un bel hommage à la série d'origine. Sans éviter quelques passages un peu putassiers à la Rogen et Goldberg - soit la même bande de potes qui tournent tout le temps ensemble - les réalisateurs parviennent à diversifier leurs situations comiques, bien aidés par Channing Tatum et Jonah Hill qui s'éclatent à s'envoyer des répliques drôles et débiles, tout en contournant avec brio les codes du bon gros film d'action américain typique.
Nos Pires Voisins : Pour résumer grossièrement, c'est du niveau d'un Projet X camouflé derrière un semblant de scénario. Comme tout film signé Goldberg et Rogen, c'est ultra-vulgaire et gueulard pour un rien, à un point que ça en devient très vite fatigant. Bercé par les hits putassiers de l'été, le long-métrage de Nicholas Stoller voit ses personnages avancer dans le grotesque et l'excès, incapables d'aligner trois mots sans avoir recours au lexique anal ou pubien. La majorité de l'humour du film tourne autour du sexe, et les gags annexes semblent avoir bénéficié d'un traitement moindre tant ils fonctionnent difficilement. Côté acteurs, on peut quand même noter Zac Effron, parfait en jeune con arrogant qui va tout faire pour pourrir ses voisins. Dave Franco est pas mal non plus dans le genre, et il a la tête de l'emploi. Rose Byrne se lâche également plus qu'à l'accoutumée, surtout que ses (gros) seins sont un point de discussion central du film. Mais les scènes d'approfondissement de tout ce beau monde ne sont que cache-misère de ce qui n'est qu'un florilège d'humour beauf.
22 Jump Street : Aucune crainte, 22 Jump Street est du même tenant que son prédécesseur. Mieux encore, la mise en abyme de la série dans le film, dans la caricature hollywoodienne elle-même, reste superbement gérée. Fidèle à son concept, ce volet se construit comme un show procédurier, et défie à nouveau de ses codes. Le jeu des contrastes et similitudes entres les persos, ainsi qu'entre les deux films, et le genre entier est vraiment amusant. Débordant d'humour, les réalisateurs, à l'image des épisodes policiers, nous resservent ici la même affaire qu'en 2012, et on ne s'en lasse pas. Le duo de guignols formé par Tatum et Hill est dans l'autodérision totale et assumée et les situations humoristiques sont pour la plupart très bien trouvées (surtout autour d'Ice Cube), avec des idées originales et variées bienvenues. Évidemment, à force de comique non-stop, il y a quelques passages qui deviennent plus plats ou vont trop dans l'excès. Mais, rien que pour ce générique final totalement barré et hilarant, qui marque des points à chaque seconde, ce film vaut carrément le coup.