À l'ombre des blockbusters et du cinéma d'auteur, subsistent les longs-métrages indépendants. Peu inspirants pour le public moyen car souvent synonymes de petits budgets et prometteurs d'idées incertaines dont le spectateur n'est pas sûr d'en avoir pour son argent : trop de spectacle facile, pas assez fouillé ou, au contraire, trop extravagant par rapport à ce qu'il laissait entendre, ce type du cinéma a bien du mal à être pleinement apprécié. C'est dans cette case que s'inscrit le Looper de Rian Johnson, sorti par chez nous alors que Skyfall monopolise l'affiche depuis à peine une semaine ; on se demande parfois à quoi pense les distributeurs français. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir un casting solide, de le trempe du dernier James Bond avec la superstar Bruce Willis, notamment, mais aussi l'acteur montant en flèche depuis ces dernières années : Joseph Gordon-Levitt.
Quoi que... est-ce bien lui ? L'apparence de l'acteur en a laissé plus d'un perplexe quant à sa véritable identité à la vue des premières images du film. Effectivement, pour servir au mieux une intrigue dans laquelle il incarne la version rajeunie du personnage joué par Bruce Willis, il a été maquillé de façon à lui ressembler ! Le nez, les yeux, les oreilles, les lèvres... autant de prothèses qui ont été appliquées à Joseph pour renforcer la crédibilité de son personnage, et troubler le spectateur qui a du mal à le reconnaître. Le maquillage est subtil, invisible à l'écran, et extrêmement bien réalisé. Bien sûr, prenez une photo de Willis jeune, comparez, les similitudes sont fugaces, mais dans l'univers du film, elles suffisent à appuyer la relation physique indéniable entre deux facettes d'un même personnage, qui ressort lors d'un face-à-face jouissif où les deux hommes sont de profil à une table de café.
Qui plus est, les deux acteurs principaux délivrent une prestation exemplaire. S'il y a des acteurs qui adaptent leur capacité selon leurs salaires, d'autres ont foi en les histoires auxquelles ils prennent part et offrent le meilleur d'eux-même pour leur donner de la consistance. Grâce aux nombreux gros plans, le jeu de Joseph Grodon-Levitt est exacerbé et criant de vérité, en jeune homme égoïste, trop sûr de lui, tandis que Bruce Willis montre davantage d'émotions tout en gardant son dossard de "badass". Ces derniers temps, le senior semble se racheter une carrière sous les meilleurs auspices, ce qui fait plaisir à voir. La seconde moitié du film voit la présence d'Emily Blunt, en femme un peu paysanne mais qui a du mordant, ce qui contraste avec l'habituel lead féminin tout fragile, ainsi que Pierce Gagnon, un petit garçon de cinq ans qui ne manque pas de surprendre. Ajoutons les quelques rôles secondaires que sont Paul Dano, comique d'un instant, Garett Dillahunt, à la prestance inquiétante, Jeff Daniels, en parrain un peu baba cool, et Noah Segan, malaimé qui fait pitié, et les interprétations du casting de Looper apparaissent joliment authentiques.
Un aspect clairement renforcé par la mise en scène. À l'image de son premier film, Brick, Johnson s'oriente vers une ambiance film noir tout en ayant ce côté futuriste omniprésent. On y ressent donc un côté Blade Runner, pas trop marqué non plus, ainsi que des touches Spielberg avec pas mal de lens flares (parfois trop), et cette photographie qui reste assez brute, granuleuse pour ne pas avoir cette optique toute lisse et propre d'une société ultra-moderne. Beaucoup de soin a été apporté aux détails et objets de l'environnement, pour faire transparaître une évolution technologique à la fois haut-de-gamme mais industrielle et par instants totalement bricolée de toutes parts. La ville aux grattes-ciels immenses reste principalement un élément de fond de décor, des matte paintings, tandis qu'on suit davantage nos personnage, au début, dans des quartiers fumants, désuets, et malfamés. Rian Johnson mélange un peu tous les différents univers SF avec cohésion, des motos "volantes" aux quatre-roues vulgairement trafiquées à renfort de panneaux solaires. Rarement il m'a été donné, ces dernières années, de voir autant d’idées originales et personnelles dans un film du genre, tout en restant terre-à-terre.
Le film de Johnson reste une œuvre adulte, avec une ambiance sombre, de la vulgarité qui sort du cœur et des coups là où ça fait mal. Son cinéma est d'ailleurs particulier. Très brut, avec une réalisation plutôt nerveuse dans le montage, ce n'est parfois pas évident de rentrer dans son univers dès les premières minutes. Pourtant, Looper est bien rythmée, les temps morts n'impactent pas sur l'histoire et les scènes d'action sympathiques. Disons aussi qu'il est bien accompagné musicalement. Comme à son habitude, c'est le cousin du réal, Nathan Jonhson qui vient apporter sa patte singulière aux images. Reflétant la dimension futuriste et les séquences dynamiques avec des morceaux Electro/Dubstep bien accordés, tout en jouant sur des partitions plus classiques avec le piano où les cordes frottées pour le côté Thriller noir, il expérimente également avec les instruments pour avoir des sonorités particulières, adéquates au style de son cousin. L'ambiance sonore est travaillée de façon à jouer un rôle intéressant. Plusieurs fois, des scènes se déroulent sans prépondérance musicale, particulièrement dans la seconde moitié située "à la ferme", où les bruitages sont alors renforcés et s'attèlent à nourrir l'atmosphère du moment. Celui du tic tac de la montre est d'ailleurs très présent, créant une sorte d'obsession.
Habituellement, les œuvres de voyage temporel se montrent bien pauvres de part différents trous scénaristiques ou bien une surenchère dans la comédie, ou une trame trop concentrée sur cet élément même ce qui éclipse le semblant d'histoire autour. Malgré son apparente complexité, l'intrigue de ce long-métrage est expliquée on ne peut plus clairement, avec quelques voix narratives bien intégrées, sans non plus prendre le spectateur pour un abrutis. Le dernier film vraiment réussi sur ce thème-là était L'Effet Papillon en ce qui me concerne. Pour Looper, le scénario se tient rudement bien, et la plupart des questions que peuvent se poser les spectateurs sont mêmes abordées dans le film. Bien sûr il est toujours possible de trouver des exemples un peu bancals sur les causes et conséquences du passé/futur, etc... Mais Johnson est parvenu à traiter le problème assez intelligemment et de façon complète. D'ailleurs, il se base sur un système d'univers qui boucle sur lui-même lorsque le voyage est entrepris, créant une nouvelle réalité effaçant la précédente à chaque divergence.
Difficile de vous en parler davantage sans vous gâcher quelques points forts du scénario. La bande-annonce elle-même fait en sorte de ne jamais piper mot du point clef du film, même si elle en montre les images. C'est donc assez déconcertant de retrouver cela au visionnage. Toutefois, on a l'impression que Johnson ne savait pas vraiment comment terminer son film. Même si d'après ses dires, la fin a été pensée dès la première écriture du scénario, c'est le genre de finale ambigu qui ne semble pas à la hauteur des idées fortes véhiculées. Ainsi les derniers instants peuvent paraître soit tirés par les cheveux, soit faciles, ou encore déconcertant vis-à-vis des possibilités de conclusion qui s'offraient à l'intrigue. Par ailleurs, l'on aurait apprécié avoir un aperçu du développement ultérieur de l'histoire, a contrario d'être laissés en plan avec des interrogations persistantes d'un film qui semble, en définitive n'avoir que frôlé son but. Ou bien d'en avoir atteint qui s'imposait davantage comme secondaire pendant une centaine de minutes.
Avec Looper, Rian Johnson ne va pas non plus jusqu'à réinventer la science-fiction, comme on peut le lire à certains endroits, mais il livre une œuvre réfléchie, intelligente, et surtout originale. Il prouve ainsi qu'il est encore possible d'innover dans un genre qui prend de moins en moins de risques et se base généralement sur un visuel de haute-volée (que je ne renie pas moi-même). Looper demeure un film indépendant et donc son budget limité, s'il ne se ressent pas à l'écran, n'offrira pas aux amateurs de sensations fortes du spectaculaire à tout va. Plus axé sur le développement d'une intrigue et de thèmes forts, le long-métrage maintient également intéressé par son style atypique et n'est pas exempt de quelques scènes ravissantes qui permettent au réalisateur d'explorer de multiples idées sans être arnaché aux contraintes des gros studios. Au final, Looper est une œuvre qui aura sûrement une certaine influence sur les futurs films à moyen budget du genre.
Et si vous êtes un peu fous comme moi, le réal a mis son commentaire du film en ligne, film qui est facilement trouvable en VO et HD
Summer69 Groupie
Age : 24 Nesquik : -6 Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 28/08/2012
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Dim 4 Nov - 17:57
Il y a peu, j'ai vu Astérix et Obélix au service de sa majestée. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Je le conseille au amateurs de rire!
Jonathan Monsieur Live
Age : 32 Nesquik : 44 Nombre de messages : 5036 Date d'inscription : 29/08/2010
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Dim 4 Nov - 18:28
Perso, j'ai vu Ted.
Assez déçu dans le sens où je m'attendais à mieux, peut-être parce qu'un pote m'avait dit que c'était le premier film où il avait ri du début jusqu'à la fin. Mais ça ne veut certainement pas dire que je n'ai pas aimé le film. J'ai ri quelques fois.
Les bémols : Après la moitié du film ça manque énormément d'originalité, 2-3 moments dans le film trainent en longueurs et je m'y suis ennuyé et enfin les moments "Flash Gordon" m'ont fait vraiment chier.
Les dialogues n'étant pas assez fort, j'ai pratiquement rien entendu de ce qu'ils disaient. J'aimerais donc le revoir chez moi avec un casque.
Je critique beaucoup le film, mais n'hésitez pas à le voir. Entre potes de préférence. Vous ne regretterez pas.
Jonathan Monsieur Live
Age : 32 Nesquik : 44 Nombre de messages : 5036 Date d'inscription : 29/08/2010
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Dim 4 Nov - 19:24
Quand j'ai été voir Astérix, ils passaient la B.A. de Stars 80. Au passage où le mec commence à chanter "Eve lève-toi et danse avec la vie", j'étais le seul à éclater de rire dans toute la salle, mais vraiment éclater de rire. Est-ce normal ? [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Jonathan Monsieur Live
Age : 32 Nesquik : 44 Nombre de messages : 5036 Date d'inscription : 29/08/2010
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Dim 4 Nov - 19:30
Justine, sors de ce corps. Ne viens pas dire qu'il n'a pas de seins non plus !
Blackout Blood in your eye
Age : 32 Nesquik : 39 Nombre de messages : 2940 Date d'inscription : 05/02/2011
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Dim 4 Nov - 21:03
J'ai vu Looper dernièrement, je vous le conseille il est vraiment génial comme film !
Justine VIP
Age : 28 Nesquik : 15 Nombre de messages : 1298 Date d'inscription : 01/10/2011
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 11:41
Jonathan a écrit:
Justine, sors de ce corps. Ne viens pas dire qu'il n'a pas de seins non plus !
*meurs*
Pareil pour Ted, j'ai entendu dire qu'il était "hilarant". J'hésite à aller le voir...
BM Membre du groupe
Age : 27 Nesquik : 77 Nombre de messages : 6001 Date d'inscription : 04/01/2012
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 11:57
Je dirais pas hilarant ! Il est sympa, tu rigoles bien c'est sûr ! Mais j'étais pas en larmes non plus, qu'on se le dise..
RMi Membre du groupe
Age : 27 Nesquik : 69 Nombre de messages : 5187 Date d'inscription : 15/12/2011
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 13:50
Blackout a écrit:
J'ai vu Looper dernièrement, je vous le conseille il est vraiment génial comme film !
+1 !
@BM : Normal que tu sois pas en larmes en ayant vu Ted, non ? :scratch:
BM Membre du groupe
Age : 27 Nesquik : 77 Nombre de messages : 6001 Date d'inscription : 04/01/2012
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 14:11
Pleurer de rire .. Larmes ... J'pensais que les gens feraient le rapprochement par eux même.. o.o
BM Membre du groupe
Age : 27 Nesquik : 77 Nombre de messages : 6001 Date d'inscription : 04/01/2012
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 15:40
Merci,tu me rassures ! RMi, il est toujours à la masse!
BM Membre du groupe
Age : 27 Nesquik : 77 Nombre de messages : 6001 Date d'inscription : 04/01/2012
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 15:55
D'la bière... *dead*
RMi Membre du groupe
Age : 27 Nesquik : 69 Nombre de messages : 5187 Date d'inscription : 15/12/2011
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 19:43
La bière c'est dangereux, bois de la vodka, c'est meilleur
Toti Membre du groupe
Age : 26 Nesquik : 17 Nombre de messages : 2620 Date d'inscription : 31/08/2012
Sujet: Re: Dernier film vu et plus si affinités Lun 5 Nov - 20:16
RMiShinoda a écrit:
bois de la vodka, c'est meilleur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Tout le monde est déjà tombé sur des vidéos de quidams de l'autre bout du globe qui s'amusent filmer quelques bribes passionnantes de leur vie pour les uploader sur YouTube et faire partager au monde des délires qui n'appartiennent qu'à eux. Life In A Day, c'est ça, en version plus sérieuse, introspective même. YouTube est devenu un fourre-tout, mais de ces vidéos personnelles on peut écrire une histoire, l'histoire d'une espèce, à un moment donné. C'est le défi que s'est imposé Kevin Macdonald en voulant créer une œuvre représentant une majorité de la population terrestre à travers un long-métrage uniquement constitué uniquement de vidéos d'"amateurs". Grand habitué des documentaires, le réalisateur touche ici à quelque chose de totalement différent, où il n'est pas maître de ce qui a été filmé. Se retrouvant avec plus de 4500 heures de pellicules sur les bras, il a dû en extraire une heure trente, les quatre-vingt-dix minutes les plus significatives, pour représenter une journée à l'échelle mondiale, celle du 24 juillet 2010, date où tous les contributeurs ont filmé ce qui leur semblait important. Une démarche titanesque jamais vue jusqu'alors, et produit en partie par le célèbre réalisateur Ridley Scott.
Il n'y a pas forcément besoin d'acteurs, ou de scénaristes pour mettre en scène une histoire. La vraie histoire, celle qui nous change à jamais, c'est effectivement celle de notre vie, celle vécue différemment par tout un chacun. Celle que des personnes du monde entier ont souhaité partager en quelques plans dans ce film, peu importe sa banalité, peu importe leur état d'esprit. Une histoire authentique et touchante partagée par tous en l'espace de 24h.
En voulant dégager des thèmes et ressentis, le réalisateur a, en quelques sortes, connecté tous ces gens aux vies aussi semblables que disparates, aux existences aussi millimétrées qu'imprévisibles. Toutes ces personnes sont mus par des besoins similaires, tout en les abordant différemment, selon leurs conditions sociales et leurs cultures. Ces gens qui suivent des rituels quotidiens, et peuvent d'un instant à l'autre voir leur vie bouleversée par un évènement soudain. Chacun attend, désespérément, qu'il se produise quelque chose d'exceptionnel pour pallier à la routine habituelle, faire bouger une vie qui stagne dans un cycle indéfini ; et dans l'attente, on poursuit cette monotonie à l'instar de milliards d'autres personnes.
Ainsi, pour mettre ces points en exergue, le film se déroule assez classiquement. Assimilant à l'aube du 24 juillet des scènes de naissance, puis l'épanouissement de l'enfance et le début d'une journée de travail, différant selon les générations. L'homme vit, il doit se nourrir, chasse, tue, ou bien se repose sur l'élevage industriel de masse, selon la société. Une vie façonnée par les sentiments. L'homme aime, fonde un foyer, se marie. Le temps passe, et quelques scènes de loisirs, de détente, viennent marquer cette capacité à l'épanouissement. La fin de la journée approchant, est dressé un parallèle avec la mort, les morts, des accidents, des drames, des vies changées à jamais, tandis que d'autres poursuivent leur cours, insouciante de ces scènes tragiques, espérant tout de même qu'un évènement qui bouleverse leur quotidien, ou attendant de pouvoir changer le monde, provoquant leur sort. Le 24 juillet 2010, une journée comme les autres, au final ; une tempête qui gronde, un cancer qui ronge, des maladies qui n'en sont pas. Religions, politiques, cultures et traditions ayant également leur part d'influence sur l'avenir de ces existences. Mais le tout est simplement de survivre, car il y a encore demain.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser de prime abord, Life In A Day n'est pas un charabia de vidéos mal cadrées et tremblotantes, mais se révèle étonnement bien construit et cohérent. Et ce, essentiellement grâce à l'édition brillante de toutes ces différentes scènes de vie. Subsistent trois questions auxquelles Kevin Macdonald voulait que les contributeurs répondent, créant des points de scission dans ce long-métrage : "Qu'aimez vous ?", "Que craignez-vous ?", "Qu'avez-vous dans vos poches ?" Des interrogations qui permettent à certaines séquences de s'articuler indépendamment de la vie quotidienne et se développer entre contrastes et similitudes saisissantes où les origines importent alors peu. Les séquences sont excellemment montées l'une après l'autre, en parallèle, l'une dans l'autre, et la musique, orchestrale et merveilleuse de Harry Gregson-Williams permet d'instaurer une certaine homogénéité dans ce récit kaléidoscopique. Le compositeur crée des morceaux prenants aux cordes frottées sentencieuses et évocatrices, et aux caractères assez intimistes en dépit de la grandeur du projet. À son travail s'ajoute celui de Matthew Herbert qui, lui, joue énormément sur les bruitages renforcés des vidéos pour créer des schémas dynamiques captivants, tout en utilisant des instruments plus expérimentaux et musiques ethniques. Un thème musical se construit, accrocheur, et repris par quelques interprètes (Ellie Goulding, Baaba Maal) donnant cette sensation à la fois de diversification et d'équivalence.
Loin d'être de piètre qualité, deux-trois vidéos pixelisent un peu à l'écran, mais la plupart sont de bonnes qualité, sans non plus avoir ce piqué et cette profondeur de champ professionnels toutefois. Cependant certaines se parent de l'attribut HD et viennent s'intercaler gracieusement sur les moments forts des compositions. Des équipes de tournages attitrées (ou une personne seule d'ailleurs) ont dû se charger de suivre certains habitants, certaines populations, peu au courant de ce projet, ou dans l'incapacité d'y participer sinon, et les questionner sur leur quotidien. Alterné avec tous ces séquences consacrées à l'Homme sous toutes ses formes, on trouve également des plans de l'environnement, ou même d'animaux pour montrer que l'on fait partie d'une machinerie bien plus importante qui suit également un cycle constant.
Life In A Day est finalement assimilable à ces projets de capsules temporelles qui ont pour but de collecter des bribes de l'existence de l'humanité d'une époque pour les générations futures. Ce film représente une myriade de cultures, d'existences qui, toutes, composent l'humanité. Une œuvre intemporelle parfaitement représentative de ce début du deuxième millénaire qui gagnerait à perdurer comme témoignage dans le temps d'une génération multi-connectée. Poétique, drôle, émouvant, révoltant, horrifiant, Life In A Day parcoure les vies comme on parcoure les pages internet. D'un simple clic, on voyage d'univers en univers, à travers le monde, en l'espace d'une journée banale pour les uns, et extraordinaire pour quelques autres. C'était la première pour certains, mais aussi la dernière pour d'autres. Une journée comme les autres, en somme, transformée en un conte exceptionnel.
Le film est disponible légalement, sous-titrage français et version HD inclus, ici :
Début 2011, sortait Life In A Day, un projet extravagant visant à concevoir un film uniquement à base de vidéos amateurs, mais une vraie réussite, autant sur le fond qui abordait des thèmes à la fois généraux et personnels touchant n'importe qui, que sur la forme, qui s'est révélée d'une beauté insoupçonnée. Réaliser un autre film sur le même principe à peine un an après peu sembler opportuniste, surtout qu'il s'agit cette fois de se concentrer sur un seul pays ; comptent-ils démarrer la plus grande série de films jamais réalisée en représentant tous les pays du monde ? Mystère... Ce qui rassure, toutefois, c'est de nouveau la présence de Ridley Scott pour chaperonner le projet.
La réalisation, néanmoins, diffère. Ce n'est plus un habitué des éloges et récompenses du grand écran, mais plutôt un réalisateur en provenance du milieu télévisuel, pour lequel il a déjà présenté plus d'une dizaine de documentaires. Et ça se ressent dans le style du film, qui a moins une portée artistique, mais lorgne davantage sur le côté intimiste avec toutes ces personnes partageant un instant de leur vie en cette journée de deuil et commémoration : le 12 novembre 2011, date du Remembrance Sunday, visant à célébrer l'implication du Royaume-Uni dans les Guerres Mondiales et conflits ultérieurs. C'est également une journée de football, Espagne-Angleterre, et Dieu sait que les Anglais sont de fervents adorateurs du ballon rond.
En prenant connaissance de ce nouveau film, je craignais d'avoir affaire à une pâle copie du précédent, que cette collection de clips apparaisse très réfléchie, et bien moins spontanée. Les contributeurs connaissant le principe auraient essayé à tout prix d'illustrer un évènement spécial, marquant, alors que ce genre d’œuvre brille plutôt par des faits ordinaires. Je m'étais trompé, les personnes qui ont participé à ce long-métrage ont très bien compris le principe, elles se sont entièrement livrées le plus banalement possible, leur parcours d'une journée, sans provoquer le destin. Même si certaines séquences semblent calculées, du genre d'évènement particulièrement prévu pour être filmés ce jour-là, l'ensemble garde une vraie authenticité et proximité intime avec ce peuple d'Outre-Manche. Parfois drôle, parfois dramatique, le film se montre troublant à mesure de son développement, à mesure que l'on partage le quotidien de ces gens, et ce sans jamais forcer la main du téléspectateur. Au final, ce ne sont que des témoignages, et l'on y voit bien ce que l'on souhait y voir.
Évidemment, la portée est toute autre. Le réalisateur n'est plus à vouloir représenter le monde, et ses différentes facettes. Là où Life In A Day cherchait à mettre en avant la ressemblance dans la diversité, Britain In A Day entreprends davantage le processus inverse, montrer la polyvalence qui peut prendre place au sein d'un même pays qui respire tout de même via des mouvements qui rassemblent, ou divisent. Et le fait que ça ne se passe pas à l'échelle mondiale renforce cette proximité établie avec ces personnes. On plonge ainsi dans un cheminement moins global, plus routinier. Se lever pour aller au travail, tandis que d'autres en reviennent, réaliser les petits rituels du matin, s'amuser. Un long-métrage si semblable au précédent sur la forme, mais tellement différent sur le fond. Le film de Morgan Matthews est le parfait exemple d'une inspiration réutilisée à bon escient, au point même de toucher autant, si ce n'est davantage que son prédécesseur.
On découvre ici une atmosphère plus mélancolique sur fond de tour d'horizon des catégories sociales, et leur approche du quotidien. Entre passions étonnantes et accomplissements d'une vie, occupations aussi étranges qu'uniques et solitude maladive, on (re)découvre un pays avec son ambiance particulière, typique même, où la nuit qui tombe montre un peuple plus actif que jamais. Un pays de contestation et également très croyant, très chrétien, où la religion a sans conteste une répercussion sur tout un chacun. Même si on sent que certains ont préparé leur journée avec soin, l'ensemble des points similaires au documentaire de Kevin Macdonald sont présentés différemment, que ce soit les loisirs, les amours, les peines, les peurs. Il y a un côté très The Tree Of Life dans la manière de présenter ces scènes de vie, aspect que l'on retrouvait déjà sur le précédent (bien qu'il soit sorti avant le film de Malick). Ici, il n'y a pas de thèmes définis dû aux questions auxquelles le précédent réalisateur voulait que les contributeurs répondent. Les passages s'enchaînent alors sans être dictés par un quelconque schéma, et trouvent leur sens d'eux-mêmes. Le plus touchant étant assurément de retrouver les même personnages, bien plus présents - et c'est logique - que dans le Life In A Day qui en avait un ou deux. À plusieurs reprises on suit donc leur cheminement à travers la journée, créant des liens d'attache avec leur présence continuelle, assez émouvante.
La portée du film doit beaucoup au travail de remarquable de Martin Phipps, qui s'est occupé de la bande musicale. Son apport jour vraiment un rôle primordial, exacerbant l'ensemble des émotions ressenties, et nous donnant encore plus l'impression d'être proches de ces personnes qu'on ne connaît pourtant que l'espace de quelques minutes. Ses orchestrations entre électronique et opératique sont prenantes, bien accordées au montage. Il s'en dégage une dimension dramatique, tout en ayant un sens de grandeur, d'émerveillement devant ces scènes quotidiennes ainsi sublimées. Il n'y a plus cette dynamique des bruitages caractéristiques du film précédent, mais plutôt des passages émouvants à grand renfort de cordes et piano, qui rappellent parfois la démesure confinée de The Tree Of Life. Malheureusement, cette bande-son est impossible à trouver indépendamment.
Si Life In A Day était une œuvre qui souhaitait faire hommage à la vie, représentant sa diversité, mais aussi sa forte parité entre les gens de partout dans le monde, Britain In A Day rend davantage hommage à quatre nations aussi unies que leur patronyme. Un Royaume-Uni construit d'une multitude d'existences et croyances, mais qui se rassemblent autour de même motifs. Toujours sur la base d'un documentaire uniquement crée de vidéos de contributeurs, Morgan Matthews parvient à renouveler ce projet fou en lui conférant une atmosphère différente, un déroulement autre, et captivant, davantage encore, son auditoire malgré la non-existence d'une histoire à proprement parler. Un documentaire vécu de l'intérieur, où nous est proposé ce que les gens pensent avoir de plus important à leurs yeux qui est, avant tout, une même pays, riche en identité.
À noter qu'un autre film dans le même registre a été réalisé : Japan In A Day. À l'instar de cette seconde œuvre, on devrait de nouveau être confronté à une approche différente puisqu'un thème bien précis a servi de fil conducteur, soit la journée du premier anniversaire du séisme et tsunami qui ont causé la catastrophe de Fukushima, et la façon dont les habitants survivent un an après.